mercredi 19 octobre 2011

Producteur/scénariste: pacs, contrat de mariage ou union libre?


Jeunes producteurs, vous avez créé votre structure et êtes maintenant  pleinement opérationnels (entendez par là, vous ne demandez qu'à trouver la perle rare. Le projet qui vous séduise assez pour prendre un risque financier et artistique, un projet qui possède selon vous assez de bons ingrédients pour faire un bon projet pour la télévision.)

Mais alors, qu'est ce qu'un bon projet pour la télévision?
C'est un projet qui correspond non seulement à la ligne éditoriale d'une chaîne mais qui puisse s'insérer en terme de format à une grille de programmation. Chaque chaîne hertzienne ou TNT possède une identité donc un cahier des charges de programmation et revendique telle ou telle cible en terme d'audience. Vous entendrez souvent la formulation "Il faut plaire à la ménagère de moins de cinquante ans", cible préférée des diffuseurs et annonceurs. Quoi qu'il en soit, avant de vous lancer dans l'aventure du développement d'un projet, vous devez connaître sur le bout des doigts les grilles de programmation et pour bien faire, avez pris la peine de rencontrer les chargés de programmation pour mieux cerner leurs envies artistiques. C'est seulement à ce moment-là que vous êtes vraiment armés pour répondre à des appels d'offres et proposer des projets.
Un bon projet c'est donc un projet viable économiquement pour vous producteur! Le bon projet correspond à une demande, à une case, à une image de marque. Vous ne proposerez donc pas un projet de fiction trash sur la sexualité à TF1 dans une optique de prime-time (TF1 ciblant principalement une audience familiale). En revanche, ce même projet pourra éventuellement convenir à Canal + si la thématique est originale. 

En personne réaliste, vous savez néanmoins que la concurrence est rude, qu'il y a beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Il faut donc avoir ce petit truc en plus qui vous fera tirer votre épingle du jeu.
Ce truc en plus, cela s'appelle une union heureuse avec un ou des scénaristes.

Cette union ressemble beaucoup à une histoire d'amour avec ses phases de drague, de passion, de consommation, plaisirs partagés ou bien de distanciation, d'incompréhension, de dépit mais aussi de jalousie, de déception, de rupture, voire de divorce ou contre toute attente de remariage. 
Vous l'aurez compris, la relation qui unit un producteur à un scénariste est avant tout humaine, emprunte d'affects et donc de complexités. Chaque relation est unique et il ne tient qu'à vous que celle-ci soit la plus enrichissante et la plus positive possible.
Vous imaginez-vous passer trois ans de votre vie avec une personne que vous n'appréciez pas et en qui vous n'avez pas confiance? La réponse est évidemment non. A moins que vous ne soyez complètement masochiste ou névrosé, voire les deux, une collaboration entre un producteur et un scénariste est avant tout fondée sur des intérêts communs et une entente. L'objectif est de donner vie à un bébé commun, (le concept devenu version dialoguée) et faire en sorte que ce bébé vive le plus longtemps possible en bonne santé.

Tisser une collaboration saine et productive avec un scénariste c'est avant tout connaître la vie cachée des scénaristes.
En France, les scénaristes souffrent depuis des années d'un manque chronique de reconnaissance de leur métier. Il y a quelques mois, le ministre de la culture a exigé un rapport pour identifier et comprendre les écueils la de production télévisuelle française. (cf  le rapport chevalier )
Budgets à la baisse, difficulté pour les jeunes générations de rassurer les diffuseurs qui leur préfèrent des "noms", opacité des critères de sélection des organismes de subvention, les scénaristes vivent un vrai parcours du combattant et sont aptes à se laisser décourager facilement. Le syndrome "personne ne reconnaît mon talent" n'est pas qu'un sujet de comédie. Il correspond au ressenti de nombreux scénaristes, ayant l'impression que les producteurs sont des êtres tout-puissants et inaccessibles uniquement rivés sur des contingences budgétaires.

Quel nom retenez-vous le plus facilement à la lecture d'un générique? Celui des acteurs, du réalisateur ou bien du scénariste? La réponse est évidente; on se souvient rarement du scénariste. Pourtant, le scénariste, tout comme vous, est le maillon indispensable du projet. Il a besoin de vous et vous avez besoin de lui. 


a) Il a besoin de vous pour vivre car vous êtes son employeur et que c'est vous qui allez le rémunérer pour ses compétences.
b) Il a besoin de votre regard artistique pour améliorer la qualité, l'efficacité du scénario.
c) Il doit vous faire confiance et sentir que vous êtes de son côté. Cela implique un dialogue transparent sur le développement artistique du projet.
d) Il doit être fermement encadré pour respecter des délais d'écriture car malheureusement il est souvent tenté de courir plusieurs lièvres à la fois.
e) Il a absolument besoin d'un engagement de votre part. 


L'engagement: 
Engagement ne veut pas forcément dire se mettre la corde autour du cou. Non, celui-ci doit être un espace rassurant pour les deux parties, la concrétisation d'une collaboration et d'un respect mutuels. 
Le scénariste, tout comme vous peut prendre un risque et accepter de travailler au développement d'un projet "on spec" (sans être rémunéré) s'il sent que vous êtes convaincu du projet, que vous ferez tout pour sa viabilité financière et surtout que vous, producteur,  les respectez lui et son travail.
Dans ce cas de figure, la situation la plus confortable pour le producteur et le scénariste est celle du contrat où est stipulé noir sur blanc l'action de chacun, son statut, ses droits, ses rémunérations (même si elles sont symboliques).
Dans le cas d'un travail "on spec", la participation active du scénariste peut prendre l'aspect de droits de co-production ou bien d'une option symbolique (à un euro). 
Quoiqu'il en soit, l'avantage d'un contrat écrit et signé est qu'il lie intimement le producteur et le scénariste. Tous les deux se retrouvent dès lors dans le même bateau et ont donc, de fait, des intérêts communs.
Vous aurez donc tout de suite compris l'inconvénient de l'engagement moral (l'union libre) qui ne suffit pas toujours à souder la collaboration. Trop souvent rompu, l'engagement moral (donc  non contractuel) pousse l'auteur à aller voir ailleurs s'il peut gagner un peu d'argent et très rapidement hiérarchiser ses priorités en fonction de ses enjeux financiers. 


Comment trouver un scénariste?  
- Les agents d'auteurs existent et au-delà de leurs compétences en négociations de contrats, leur métier consiste au départ à créer des rencontres, faciliter les recherches artistiques des producteurs, vous envoyer des projets qui correspondent à vos exigences et affinités.
L'agent est votre allié et a besoin de bien cerner vos envies pour vous proposer le service le plus efficace. N'hésitez pas à les rencontrer et tisser des liens de confiance avec eux. L'agent pourra également créer la médiation diplomatique optimale en cas de conflit avec un auteur. 
Néanmoins, passer par un agent n'est absolument pas une obligation. il vous est tout à fait possible de négocier en direct avec un auteur si celui-ci n'est pas représenté. 

- Vous pouvez également entrer en contact et formuler vos recherches à des associations de scénaristes. Notamment l'association Séquence 7( séquence7.blogspot.com)  qui vous fournira volontiers tous les renseignements correspondant à des festivals de scénaristes, des rencontres avec des auteurs, des happenings. 

- Vous pouvez aussi vous faire connaître des différentes écoles formant à l'écriture de scénario: le CEEA ou conservatoire européen de l'écriture de l'audiovisuel, la FEMIS). Celles-ci pourront vous mettre en contact avec de jeunes professionnels.

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